Jean-Régis Floquet et Christophe Boyer ont d’abord connu une « période d’essai » dans leur association en tant que salariés dans le milieu hospitalier, avant de créer ensemble leur entreprise sous enseigne Ulysse. A respectivement 57 ans et 48 ans, ils sont aujourd’hui les plus anciens franchisés du Réseau.
Sélectionné pour son tempérament
Fils et petit-fils de médecin, Jean-Régis Floquet a d’emblée choisi la vente comme carrière, en raison des contacts humains générés par les relations commerciales.
« Après un DUT techniques de commercialisation, en 1980, j’ai participé à un recrutement organisé par la CCI de Lyon pour des postes de commerciaux en informatique. J’ai ainsi été engagé dans une société de services en ingénierie informatique à Paris, notamment pour commercialiser un produit IBM alors révolutionnaire : un tableur ! J’étais confronté à des décideurs de multinationales telles que Total, Renault ou Saint-Gobain.
Par un ami rencontré lors de la sélection de la CCI de Lyon, je reviens dans ma région d’origine, toujours dans la vente. Après sept années sous la responsabilité d’un chef de service à peine plus âgé que moi, battant et commerçant dans l’âme, je rejoins mon beau-père, dirigeant d’une entreprise de tôlerie. Je quitte une équipe de copains pour devenir directeur commercial dans un domaine où j’étais totalement néophyte. Mon divorce mettra un terme à cette expérience », explique Jean-Régis Floquet.
Refusé comme ambulancier… dans un premier temps
« Un licenciement opportun m’offre la chance de prendre du recul. Le marché du travail cherchait des commerciaux… dont je n’avais pas le profil. Alors, je m’oriente vers un diplôme d’ambulancier, car cette activité propose d’être confronté à tous types de publics, d’être constamment en mouvement et d’acquérir de nouvelles connaissances. Les tests sont réussis, mais ma candidature refusée : on ne comprend pas qu’avec mon bagage professionnel, je choisisse cette voie !
Je m’accroche, et je serai accepté à la session suivante. En décembre 1995, je terminerai deuxième dans ma promotion… ce qui m’a valu des excuses de la directrice de l’école. Le métier d’ambulancier me fera côtoyer des gens qui vivaient des événements bien plus graves que les miens, ce qui m’a aidé à relativiser ma situation, car j’ai mis longtemps à me remettre de mon divorce. Il me permet aussi de rencontrer Christophe, mon futur associé. Lors de trajets de longue distance, dans le cadre de rapatriements sanitaires, nous avons sympathisé et appris à nous connaître dans un environnement professionnel », indique Jean-Régis Floquet.
Des salariés modèles
Après un BEP Sanitaire / Paramédical, Christophe Boyer se destinait à devenir pompier professionnel. « Je vais effectuer de nombreux stages en milieu hospitalier, en attendant d’avoir l’âge légal pour m’engager comme pompier. Je serai ainsi engagé dans une société de transport ambulancier. Ce métier me plaît pour l’indépendance et le relationnel avec les gens qu’il propose.
« Nous étions employés dans la meilleure entreprise de Lyon sur notre domaine, Christophe en tant que régulateur de nuit, et moi-même en tant que formateur des nouveaux arrivants. Nous avons pensé à allier nos compétences, commerciales avec des notions de marketing et de comptabilité acquises en université pour ma part, et une capacité de travail énorme, ainsi qu’une fiabilité et une honnêteté à toute preuve pour Christophe. Mais pas pour créer une entreprise de transport ambulancier, car cette activité est trop dépendante de contrats verbaux et observait la disparition de nombreuses TPE quelques années seulement après leur lancement.
Le concept Ulysse, découvert à travers un article dans le journal Rebondir, correspondait à notre goût de s’occuper des autres et à notre besoin de bouger que nous voulions retrouver dans notre future activité. Franck Vialle, le franchiseur, avait de plus réussi à développer son affaire sans être en pleine possession de ses moyens physiques. Il employait déjà une quarantaine de salariés à Nice en s’étant spécialisé dans le transport de personnes à mobilité réduite (PMR). Au culot, je l’ai appelé et je suis tombé sur une personne très ouverte, qui a constaté que nous nous étions bien préparés à franchir le cap de l’entrepreneuriat », ajoute Jean-Régis Floquet.
35 heures… de sommeil par semaine !
En août 2000, Jean-Régis Floquet et Christophe Boyer deviennent les troisièmes franchisés du Réseau Ulysse à Lyon. Ils sont aujourd’hui les plus anciens de l’enseigne. « La prise de risques a été progressive. J’ai d’abord commencé à conduire seul durant quelques mois, en attendant que Christophe me rejoigne, au terme de son préavis. Nous avons sollicité une aide financière au Conseil régional Rhône-Alpes… rejetée car nous n’étions pas une entreprise « innovante ». Comme je n’aime pas les réponses abruptes de l’administration, j’ai voulu comprendre le pourquoi du refus. J’ai pris rendez-vous avec le responsable, en lui affirmant que de lancer la première entreprise entièrement privée spécialisée dans le transport de PMR était aussi innovant que de le faire dans le secteur des nouvelles technologies. Nous avons finalement obtenu 100 000 francs, que j’estime avoir remboursés à la région en ayant créé par la suite une dizaine d’emplois. Une chance peut en apporter une autre : cet apport a facilité notre relation avec les banques.
Pour nos premiers contrats, nous avons sous-traité des commandes d’une structure associative de personnes handicapées, en situation de quasi-monopole sur Lyon. Nous avons obtenu la même convention spécifique auprès de la Caisse régionale d’assurance maladie, accompagné par Franck Vialle. Nous nous occupions de tout : standard téléphonique dans notre petit bureau de 9 mètres carrés, conduite, prospection, etc. Nous étions aux 35 heures… de sommeil par semaine !», souligne Jean-Régis Floquet.
Stabilité de l’équipe de chauffeurs-accompagnateurs
En 2005, l’agence Ulysse Lyon prend la décision de ne plus être dépendante de cette structure associative de personnes handicapées. « Nous avions le contrat moral de ne être en concurrence avec cette structure, et donc de ne pas prospecter ailleurs. Au même moment, nous avons décidé d’acheter un local en Société Civile Immobilière (SCI) de 60 mètres carrés, avec pignon sur rue, bien placé dans le secteur des hôpitaux de Lyon.
Nous nous étions bien répartis les rôles au sein de notre association. Christophe est un homme de terrain qui n’a pas son pareil pour gérer les véhicules et manager les chauffeurs-accompagnateurs. De mon côté, je prends en charge le recrutement de nos salariés, ainsi que la partie commerciale, avec une démarche inédite pour moi. Durant ma vie salariée, j’avais vendu des produits et services réalisés par des sociétés reconnues et dont je n’étais pas le concepteur. Pour notre franchise Ulysse, je demandais à des directeurs d’établissements de faire confiance à une TPE et à un nouveau concept, ce qui représentait pour eux une prise de risques.
Nous avons construit et fidélisé une équipe d’une dizaine de chauffeurs-accompagnateurs, le plus ancien étant présent avec nous depuis 11 ans, afin de maîtriser l’humain au sein de notre entreprise et le relationnel avec notre clientèle. Nous avons un rôle de lien avec nos clients, par exemple pour les informer quand un enfant est plus agité qu’à l’accoutumée. C’est notre différenciation par rapport à d’autres prestataires, vis-à-vis des donneurs d’ordre, pour un public de clients fragiles.
Avec Christophe, j’ai une amitié depuis presque vingt ans et il existe une complémentarité et une confiance totale entre nous. C’est une chance inouïe, chacun puise la force de l’autre là où il la possède. Nous assumons ensemble toutes les décisions, qu’elles génèrent un succès ou un échec », remarque Jean-Régis Floquet.
Troisième contrat avec Ulysse
Jean-Régis Floquet et Christophe Boyer bénéficient des services d’un Réseau bien plus structuré qu’à leur arrivée dans l’enseigne.
« Au début, en plus de la connaissance de son marché, le réseau Ulysse nous a apporté de la confiance, nous a conforté dans l’idée qu’on pouvait devenir entrepreneur après une carrière salariée de vingt ans. La confiance est réciproque avec Franck Vialle, car nous avons été parmi les premiers à croire en son concept. Aujourd’hui, Ulysse nous apporte d’autres avantages, comme un apport financier non négligeable à travers des remises importantes avec de grands constructeurs automobile. On sait gré à Franck Vialle de nous avoir laissé développer notre affaire à notre rythme. Pour participer à la vie du réseau, nous accueillons régulièrement des candidats à la franchise pour qu’ils puissent avoir un ressenti de notre activité sur le terrain, lever leurs ultimes doutes et échanger sans non-dits avec nous », relève Jean-Régis Floquet.
« Franck Vialle nous donne des conseils tout en nous laissant libres d’agir comme nous le pensons, à condition de respecter la charte d’Ulysse : qualité et confort du transport, échange avec le client. Nous partageons les mêmes valeurs avec le franchiseur dans l’approche de l’activité. Nous venons d’ailleurs de signer notre troisième contrat de franchise avec Ulysse, un réseau qui devient de plus en plus efficace avec l’augmentation du nombre de franchisés », conclut Christophe Boyer.