Aguerris dans le métier du transport routier de marchandises, Maxime Richard et Yoan Legrin, deux jeunes trentenaires, se sont associés pour créer leur agence Ulysse à Lille. Ils ont mis leur complicité professionnelle, née lors d’une première vie salariée, au service d’un public fragile en quête de mobilité pour sortir de son isolement.
Apprentissage d’un métier aussi complet que réglementé.
Face aux mutations du monde économique, la nouvelle génération appréhende la création d’entreprise comme le plus sûr moyen de maîtriser son destin. A devoir choisir entre les imprévus de la vie salariée (déménagement, licenciement, modification de poste…) et les risques de l’entrepreneuriat (contrainte financière, bouleversement de la vie familiale, etc.), elle envisage de plus en plus tôt de franchir le pas vers l’indépendance, tout en se préparant avec application à cette révolution.
Durant une dizaine d’années, avant de rejoindre l’enseigne Ulysse, Maxime Richard et Yoan Legrin se sont ainsi forgé une sérieuse expérience professionnelle mobilisant une grande partie des compétences nécessaires à la création et au développement d’une agence de transport routier de voyageurs.
« Après une scolarité qui ne m’a pas vraiment passionné jusqu’en terminale, j’ai effectué un BTS Transport et Prestations Logistiques en alternance, mêlant théorie et pratique. En découvrant cet univers complexe, je me suis pris au jeu. Je suis devenu plus curieux, plus observateur, avec la volonté de progresser. J’ai même fini dans les meilleurs de ma promotion. Je me suis ensuite complètement investi dans mon premier emploi au sein d’une entreprise de transport de marchandises, au point de partir au bas de l’échelle et d’accéder au poste de responsable d’exploitation en seulement une année.
Ce métier est complet. Il consiste à établir le planning des chauffeurs en fonction de leurs disponibilités, du carnet de commandes, des véhicules à disposition… avec des exigences fortes ! Il implique notamment que les marchandises soient livrées dans les délais prescrits et que les véhicules voyagent le moins possible à vide. Au-delà d’encadrer des équipes et de devoir respecter une réglementation, il faut savoir faire preuve d’initiative pour gérer les éventuels aménagements et incidents de parcours, tels qu’une panne. Ce qui nécessite une bonne résistance au stress !», souligne Maxime Richard, aujourd’hui franchisé Ulysse à Lille.
Montage d’un projet de toutes pièces pour son employeur.
Dans un secteur du transport routier de marchandises particulièrement affecté par la concurrence au niveau européen, Maxime Richard a connu un premier licenciement économique après cinq années de bons et loyaux services.
« Mon nouvel employeur m’a confié la création d’une agence dans le Nord-Pas-de-Calais. Cette expérience s’est avérée extrêmement enrichissante puisqu’il a fallu monter le projet de toutes pièces. Recherche du local, recrutement du personnel, premières démarches commerciales… J’ai en fait réalisé toutes les opérations nécessaires au lancement d’une affaire. Sans pour autant être nommé directeur de l’agence…
Peu de temps après, mon patron a racheté un concurrent. Je me suis retrouvé responsable d’exploitation tout comme mon homologue de la société reprise, Yoan Legrin, mon futur associé sous enseigne Ulysse. L’un gérait l’opérationnel de l’agence le jour, et l’autre la nuit », se remémore Maxime Richard.
Complicité opérationnelle éprouvée.
Si l’association entre Maxime Richard et Yoan Legrin va s’avérer comme une évidence pour diriger leur propre entreprise, leur collaboration dans le monde salarié mettra presque naturellement du temps à s’opérer.
« J’étais également issu d’un BTS Transport et Prestations Logistiques, que j’avais poursuivi par une Licence en Management des entreprise. J’ai d’abord songé à ouvrir un cybercafé, un type de commerce qui se développait bien au début des années 2000. Mais j’étais considéré comme trop jeune par les banques pour être accompagné financièrement dans mon projet. J’ai alors cherché à évoluer au sein de la société de transport de marchandises, dans laquelle j’ai commencé en lavant des camions, jusqu’à devenir responsable d’exploitation.
Lorsque j’ai rencontré Maxime, durant les deux premiers mois, nos relations étaient tendues, même si nous n’étions pas en concurrence. Ce n’est qu’après une sérieuse explication en tête à tête que la situation s’est décantée. Si nous avions des caractères très différents, nous avons appris à nous apprécier à travers nos compétences. Ensemble, nous avons géré une centaine de chauffeurs et 30 à 40 employés administratifs et agents de quai. Chacun disposait de son propre portefeuille de clients, de son équipe de conducteurs et d’exploitants, mais une réelle synergie s’est installée entre nous. Les lacunes de l’un étaient comblées par les forces de l’autre, on se transmettait naturellement le relais pour faire jouer notre complémentarité. C’est fondamental de bien se connaître dans le milieu professionnel avant de s’associer dans une entreprise. Le choix de se lancer à deux n’est alors pas fondé sur des sentiments, mais sur une complicité éprouvée de manière opérationnelle, et notamment, dans les situations de stress », explique Yoan Legrin, désormais franchisé Ulysse à Lille.
Analyse du marché du travail et découverte de la franchise.
Secteur incontournable de l’économie où coexistent 35 000 entreprises spécialisées, de la TPE à la multinationale, le transport routier de marchandises ne cesse d’évoluer avec la mondialisation des échanges, le développement du e-commerce et les normes européennes mises en place. En janvier 2013, Yoan Legrin et Maxime Richard subissent un licenciement économique, ce qui les rapproche encore davantage.
« Nous avions d’abord analysé le marché du travail dans notre secteur, car nous restions attachés au transport routier de marchandises. Mais les salaires n’étaient pas en correspondance avec notre cursus. Avec Yoan, nous avons donc décidé de nous s’associer pour créer une entreprise. Nous avons alors étudié la presse spécialisée, en quête d’une idée pour créer notre boîte avec un investissement financier modéré – afin de ne pas mettre en péril notre situation familiale si cela n’avait pas fonctionné – et adapté à notre expérience et nos envies.
Nous avons ainsi découvert le système de franchise, qui permet de démarrer son activité en étant opérationnel même si l’on est néophyte en la matière et de posséder un temps d’avance sur la concurrence grâce au savoir-faire du franchiseur. Et comme le grand rendez-vous annuel de la franchise à Paris avait lieu en mars…», indique Maxime Richard.
Aider ses aînés et les enfants en difficulté.
C’est en se rendant à Franchise Expo Paris que Maxime Richard et Yoan Legrin ont rencontré l’équipe d’Ulysse. Ce réseau, qui existe depuis bientôt 20 ans, est le premier acteur en franchise dans le transport et l’accompagnement des Personnes à Mobilité Réduite. Il compte 60 implantations en France et met à disposition de son public, à travers des entrepreneurs indépendants, 2000 conducteurs formés et qualifiés, ainsi que plus de 2000 véhicules pour lui permettre de circuler librement, en fonction de ses besoins et de ses envies. En plus de son savoir-faire dans le transport routier de voyageurs, il offre notamment à ses franchisés de bénéficier du partenariat de l’enseigne avec les plus grands acteurs liés à l’automobile : constructeurs, fournisseur de carburants, assureur, entretien/réparation de véhicules.
« Si nous avons « écumé » tous les stands du salon Franchise Expo Paris, nous regardions de plus près les concepts liés à l’environnement et au social. Avec notre connaissance du secteur du transport, notre expérience de la gestion d’un parc de véhicules et du management de chauffeurs et notre pratique du service au client et de l’exploitation, nous maîtrisions 80% du métier de l’enseigne Ulysse. Seuls le monde du handicap et la comptabilité ne faisaient pas partie de notre ancien quotidien de salarié.
Nous avions également des affinités avec l’utilité sociale de l’activité Ulysse. Aider nos aînés et les enfants en difficulté, c’est pour nous un devoir. Ulysse nous proposait d’être acteurs de la métropole lilloise pour ce public qui, en raison de difficultés à se déplacer, subit une situation d’isolement. Et même, d’offrir un service digne de ce nom à des personnes qui souvent souffrent du regard des autres. Aujourd’hui, c’est une vraie satisfaction de redonner le sourire à une dame âgée qui « revit » en pouvant sortir de son domicile, après n’avoir vu personne durant une semaine. Ou encore, de lire sur le visage d’un enfant le bonheur d’avoir retrouvé sa famille, dont il est éloigné pour suivre des soins », ajoute Yoan Legrin.
Ne négliger aucune piste de développement.
En mars 2015, Maxime Richard et Yoan Legrin, à respectivement 34 et 32 ans, ouvrent à Lille. Ils ont été, au préalable, formés, à la démarche commerciale, au calcul du coût, à la réponse aux appels d’offres et à l’exploitation d’une agence Ulysse en deux sessions d’une semaine.
« Nous avons ainsi démarré notre activité en étant est immédiatement reconnu comme un professionnel du secteur à travers une enseigne à forte notoriété dans le secteur du handicap. Nous avons tout de même dû approfondir la connaissance du monde des personnes à mobilité réduite transmise par le franchiseur. D’autant qu’il est nécessaire de savoir se différencier sur le marché extrêmement concurrentiel de la métropole lilloise, dont 60% du marché est détenu par un seul acteur, avec une pratique de tarifs bas, ce que notre étude de marché nous avait permis d’appréhender.
Nous avons attendu de gagner un appel d’offres portant sur 6 circuits, avec l’appui du franchiseur, pour lancer notre activité avec un business déjà généré. Mais avec les délais de paiement des institutionnels, souvent longs, il faut être vigilant sur la trésorerie. Et ne négliger aucune piste de développement. Nous ne ciblons pas seulement les établissements spécialisés dans le monde du handicap, mais également ceux s’adressant aux personnes âgées, que ce soient dans le cadre d’associations ludiques ou d’un suivi médical, dont la fréquence permet de mettre en place des prestations rentables.
Aujourd’hui, notre première rentrée, nous employons déjà 13 salariés et sommes toujours au contact direct de notre client final, en réalisant des circuits au volant. Même si nous ne disposons plus entièrement de nos week-ends pour les loisirs, nous avons davantage de temps pour profiter de la vie familiale, en raison de nos horaires de travail décalé.
Huit mois après la création de notre société en tant que franchisé du réseau Ulysse, nous confirmons qu’il existe un réel potentiel de ce secteur d’activité. Nous nous sommes appuyés sur le savoir-faire et l’expertise du réseau, notre savoir-être au quotidien et nos compétences acquises au cours de nos vies professionnelles pour démarrer notre activité. Mais nous restons lucides : ce n’est qu’un petit bout de chemin parcouru. Nous attendons de notre franchiseur et de ses équipes un accompagnement nous permettant de rendre la suite de la route la plus belle et la plus longue possible. Nous sommes déjà fiers, en cette période économiquement difficile, d’avoir créé 13 emplois et d’apporter attention, écoute et services à des personnes en mal de mobilité », témoignent Yoan Legrin et Maxime Richard.